Désert et altérité : propositions sur un “non-territoire”

Version de travail (revue) d'un chapitre publié dans les actes du colloque. Ref. Le Désert, un espace paradoxal. Actes du colloque de l’Université de Metz (13-15 septembre 2001). Édité par Gérard Nauroy, Pierre Halen, Anne Spica. Bern, Berlin, etc. : Peter Lang, coll. Recherches en Littérature et spiritualité, vol. 2, 2003, pp. 11-32.Le désert, le désir. Qui désire entre au désert : un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Mais le désert, cet espace du manque, peut être lui-même désiré. Quelle souterraine liaison, autre que lexicale, lie aussi le nom désert au verbe déserter ? Et qu'est-ce qui, dans notre esthétique contemporaine, nous fait accorder une telle valeur à ces images du rien, de pierrailles et d'os, que nos photographes nous ramassent à la pelle et que nous contemplons sur papier glacé, images de calendrier ou d'exposition, beaux-livres ? Les poètes ne sont pas en reste, ayant fait du désert un lieu paradigmatique de leur énonciation 1 ; il ne s'agit pas nécessairement, bien sûr, d'espaces sahariens ou autres, encore que ceux-ci constituent, à l'égard du désir de désert, une abondante réserve d'images arides, à même d'épuiser, autant que ces poètes le souhaitent, dirait-on, le texte, la phrase et même le mot